Max Havelaar by Multatuli

Max Havelaar by Multatuli

Auteur:Multatuli [Multatuli]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Dentu
Publié: 1876-01-15T00:00:00+00:00


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XVI.

— Vous savez, commença Havelaar, que les possessions hollandaises à l’ouest de Sumatra, sont limitrophes des empires indépendants du côté nord, empires dont Atchin est le point culminant. On dit qu’un article secret, annexé au traité de 1824, oblige la Hollande envers les Anglais, à ne pas dépasser la rivière de Singkel.

Le général Vandamme, qui, avec son faux air de Napoléon, aimait à étendre son gouvernement le plus loin possible, se trouvait donc arrêté dans ses vues, et de ce côté-là, par un obstacle insurmontable.

Il me faut bien ajouter foi à cet article secret ; sans cela, il y aurait grandement de quoi être surpris, en réfléchissant que les princes de Troumon et d’Analabou, dont les provinces ont une large importance à cause du commerce du poivre qu’on y fait, ne sont nullement soumis à la Souveraineté hollandaise.

Vous savez comme il est facile de trouver un prétexte pour déclarer la guerre à ces petits états, et par conséquent de s’en emparer.

Voler une province est toujours plus simple que voler un moulin.

Le général Vandamme, selon moi, eût même volé le moulin, pour peu que l’envie lui en fût venue, et je ne comprendrais certes pas qu’il eût épargné ces provinces septentrionales, s’il n’y avait eu pour cela des arguments plus puissants que la justice et l’équité.

Quoi qu’il en fût, ce n’était pas vers le Nord, mais vers l’Est qu’il jetait ses regards conquérants.

Les contrées de Mandheling et d’Ankola, formant la sous-préfecture de Battah, dont la sédition venait d’être apaisée, sans être encore purifiées de l’influence atchinoise, — le fanatisme est toujours difficile à extirper, — en étaient pourtant délivrées. Seulement, ce succès ne suffisait pas au Gouverneur.

Il avait étendu son pouvoir jusqu’à la côte de l’Est ; des employés et des corps d’armée hollandais avaient été expédiés à Bila, et à Pertibie, les deux principaux avant-postes du pays.

Vous savez, Dipanon, que plus tard ces avant-postes furent évacués de nouveau.

Un beau jour, un commissaire du Gouvernement vint à Sumatra, et jugeant cette extension sans utilité, il la désapprouva, et prétendit qu’elle était en opposition avec les injonctions d’économie, arrivées en dernier lieu de la mère-patrie.

Mais le général Vandamme, de son côté, soutint que la dite extension ne comportait aucune charge pour le budget, les garnisons nouvelles étant formées de troupes ordinaires ; à son compte, il avait donc conquis et placé sous la suprématie du gouvernement hollandais une vaste et riche contrée, sans qu’il lui en coûtât un sou de plus.

Et quant à l’objection qu’on lui opposait, de découvrir d’autres places, et, entre autres, celles du pays de Mandheling, il y répondait en se faisant fort de la fidélité, et du dévouement de Jang di Pertouan, le chef principal du pays de Battah.

Il n’y voyait donc nul inconvénient.

Sur les déclarations réitérées du général qu’il se portait garant pour Jang di Pertouan, le commissaire du gouvernement céda, mais il ne céda qu’à contre-cœur.

Il se trouva que le contrôleur qui dirigeait avant moi le district de Natal était le gendre du sous-préfet du pays de Battah, et qu’il ne s’entendait nullement avec Jang di Pertouan.



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